Le nombre dophtalmologistes
diminue. 5 300 aujourdhui, ils ne
seront plus que 3 000 dans vingt ans.
Avec laugmentation de la population
à 63 millions dhabitants et son
vieillissement, il faudra compter sur 35
millions de personnes souffrant de
troubles de la vue en 2020. Létude
de la Direction de la recherche des études
de lévaluation et des statistiques,
publiée en septembre 2000, analyse les séquences
et les conséquences de la grande
mutation de la profession.
Projection à contexte
similaire
Avec 5 269 médecins, lophtalmologie
est aujourdhui lune des spécialités
dont les effectifs pourraient le plus décroître
dici vingt ans. En effet, cest
ce qui est envisagé si les facteurs qui
déterminent les évolutions démographiques
de la profession restent stables, si le
numerus clausus et le nombre des postes dinternes
en chirurgie restent les mêmes, si les
étudiants continuent à choisir leur spécialité
de la même façon, seuls quelque 50
à 60 jeunes ophtalmologues seront issus
chaque année de linternat dophtalmologie.
On pourrait rajouter une quarantaine dophtalmologistes
étrangers "validés" chaque
année. Par contre, pour stabiliser les
effectifs dans les 20 années à venir,
il faudrait former 225 internes par an.
2020 : 44% d'ophtalmologistes
de moins
La diminution des effectifs avoisinerait
toutefois 44% entre 2000 et 2020, baisse
plus importante que celle prévue pour lensemble
des spécialistes (-25%) et pour la
totalité du corps médical (-18%). Les
ophtalmologues en activité sont en
moyenne plus jeunes que bon nombre dautres
spécialistes et la rapidité de la
baisse tiendrait plus (à numerus clausus
et postes dinternat constants) à
la faiblesse du nombre dentrées
dans la profession quau nombre de départs
en retraite. Ces chiffres pourraient
atteindre -60% en 2025, selon le
professeur Péchereau..
Cette projection est à
mettre en regard dun potentiel daccroissement
du nombre de personnes qui pourraient être
touchées par des troubles de la vue au
cours des prochaines années. Compte tenu
de la croissance de la population, en
2020, on aurait 4,6 ophtalmologues
pour 100 000 habitants pour 9
actuellement. De plus, la population
française en 2020 sera plus âgée, donc
plus sujette à des troubles de la vue.
Ainsi, selon lenquête Santé et
protection sociale du CREDES, 50% des
personnes interrogées déclaraient en
1998 avoir des problèmes de la réfraction
(myopie, presbytie, astigmatisme, hypermétropie)
ou dautres maladies (cataracte,
glaucome, etc.) (tableau ci-dessous).
Proportion de
personnes déclarant souffrir de troubles
de la réfraction (myopie, etc.)
|
- de 16 ans |
16/39 ans |
40/64 ans |
65 ans ou + |
Ensemble |
Hommes |
16.3% |
30.3% |
64.8% |
76.8% |
42.5% |
Femmes |
18.2% |
44.0% |
73.2% |
80.0% |
51.8% |
En moyenne |
17.2% |
37.4% |
69.1% |
78.5% |
47.2% |
Proportion
de personnes déclarant souffrir d'autres
maladies ophtalmologiques (cataracte,
glaucome, etc.)
|
- de 16 ans |
16/39 ans |
40/64 ans |
65 ans ou + |
Ensemble |
Hommes |
0.3% |
1.3% |
2.9% |
18.0% |
3.3% |
Femmes |
0.7% |
0.7% |
2.7% |
24.3% |
4.2% |
En moyenne |
0.5% |
0.9% |
2.8% |
21.4% |
3.8% |
Ce sont les
femmes qui sont plus atteintes des
maladies ophtalmologiques, les femmes
dont lespérance de vie est plus
importante que celle des hommes.
Note
Cependant, cette estimation ne reflète
que lopinion des personnes enquêtées
sur leurs propres problèmes, et ne
provient pas dun bilan médical qui
pourrait mesurer plus précisément les
besoins de soins ophtalmologiques de la
population.
En 2020 ce serait donc 35
millions de Français, soit 55% des 63
millions, qui souffriraient de troubles
de la vue soit 15% de plus quaujourdhui.
Ajouter à cela lévolution de la
propension à se soigner, le développement
de la prévention, (dépistage du
glaucome, suivi des diabétique. NDLR)
les modifications du mode de vie, des
conditions de travail ou celles des
techniques de soins
Répartition géographique
Comme lensemble des spécialistes,
les ophtal-mologues sont géographiquement
concentrés, principalement dans le Sud méditerranéen,
le couloir rhodanien, et dans les départements
où se trouvent les universités de médecines
(carte 1). Cette répartition contraste
avec la répartition théorique des
personnes ayant des troubles ou maladies
ophtalmologiques, liées aux caractéristiques
sociales et démographiques des départements.
Si on prenait comme critères
lâge, le sexe et la catégorie
professionnelle, on verrait (carte 2) que
les besoins sont plus intenses là où la
proportion de personnes âgées est élevée
(surtout dans les départements ruraux du
Sud-Ouest, du Limousin et dans le Sud-Est)
ainsi que dans les départements qui
emploient une forte proportion de cadres
supérieurs ou de professions intermédiaires
(Paris, Hauts-de-Seine, Haute-Garonne),
catégories socioprofessionnelles qui déclarent,
à âge et sexe identique, souffrir le
plus de troubles de la vue (tableau 2).
Tableau 2 :
Indices de comparaison des troubles de la
réfraction par catégorie socio-professionnelle,
à âge et sexe comparables
Agriculteurs |
Artisans |
Cadres supérieurs |
Professions intermédiaires |
Employés |
Ouvriers |
Ensemble |
0.65
|
0.96 |
1.35 |
1.17 |
1.02 |
0.80 |
1.00 |
Lensemble
de lactivité des ophtalmologistes
est plus intense dans les régions où
leur nombre est élevé. Seules
exceptions : lÎle-de-France et la
région Rhône-Alpes où la densité médicale
est anormalement élevée par rapport au
nombre dactes pratiqués.
Le fait davoir plus
de médecins est donc géné-ralement
corrélé avec des soins plus fréquents
pour des besoins, au moins en théorie,
compa-rables. Deux interprétations
concurrentes existent de ce phénomène.
Il peut dabord signifier que, dans
certaines régions, la demande nest
pas entièrement satisfaite, faute de médecins
en nombre suffisant (demande contrainte
par loffre). Mais cela peut également
refléter un phénomène de "demande
induite par loffre" : la présence
dophtalmologistes peut en effet
entraîner un accroissement spontané de
la demande par le simple fait que son accès
y est facilité et reste peu coûteux.
Dans ce cas, une raréfaction des
ophtalmologues pourrait à linverse
entraîner un découragement de la
demande et une réestimation à la baisse
des besoins ressentis par la population.
Les professions
participant aux soins oculaires
Le nombre dophtalmologues
en diminution et laugmentation
potentielle des besoins liés aux évolutions
démographiques conduisent à réfléchir
au rôle dautres professionnels.
Létude de la DRESS
donne les définitions des professions
participant aux soins oculaires. Il
est à noter que lopticien est
considéré à double titre comme
auxiliaire médical (dépendants des
ordonnances des ophtalmologues) et
aussi comme commerçant (libre dexercer
à leur guise) et pouvant donc déterminer
la valeur de la correction optique.
Des définitions qui
reconnaissent bien la double activité
possible des opticiens comme spécialistes
de la vision (pour les plus de 16 ans).
Définitions :
Lophtalmologue
est médecin. Il est prescripteur et
établit ou pose le diagnostic par tous
les moyens quil juge utiles. Il
pratique la chirurgie et traite les
maladies de lil ou des
annexes. Il décide de lopportunité
du bilan orthoptique et de la rééducation
visuelle. Il a la compétence légale de
les pratiquer.
Lorthoptiste est
auxiliaire médical. Il agit sur
prescription médicale. Son décret de
compétence lhabilite à effectuer
le bilan orthoptique et la rééducation
visuelle par série de séances et sur
entente préalable ; à aider les
malvoyants profonds à utiliser leur
vision résiduelle ; à participer aux dépistages
organisés sous la responsabilité dun
médecin ; à participer dans certaines
conditions fixées par la loi aux
enregistrements dans le cadre dexplorations
fonctionnelles (champ de vision, vision
des couleurs). Lorthoptiste peut
ainsi améliorer les possibilités
visuelles et atténuer les troubles
fonctionnels : maux de tête, fatigue
visuelle, vision double, maladresse
gestuelle etc.
Plus de 2 000 orthoptistes
- et leur nombre est en augmentation
depuis plusieurs années - exercent en
France métropolitaine, dont environ 85%
en cabinet.
Lopticien est
auxiliaire médical mais également
commerçant, ce qui lui donne la
possibilité de bénéficier des
avantages de ce statut (publicité par
exemple). Il effectue et délivre les
verres et les lentilles correcteurs
appropriés. Pour les jeunes de moins de
16 ans la prescription médicale est
obligatoire. Il ne pratique ni le bilan
orthoptique ni la rééducation visuelle
mais peut déterminer la valeur de la
correction optique.
Notons que dans ces définitions
ni le terme d'optométrie ni celui d'optométriste
n'est cité. Est-ce un oubli ? Une réalité
de ne parler d'une activité qui n'existe
pas légalement aujourd'hui ? Ou une
position implicite de l'Etat ?
Les professionnels réagissent
Cette étude de la DRESS prouve que la
prise en charge des personnes atteintes
de troubles ophtalmiques posent de véritables
problèmes.
Un problème de santé.
Avec l'augmentation de la
population, de la durée de vie, près de
35 millions de personnes présenteront
des troubles de la vue. Tout le monde
pourra-t-il être soigné dans de bonnes
conditions ?
Un problème
politique.
L'Etat devra intervenir
pour réguler ou légiférer sur ces accès
aux soins. Mais il devra préciser aussi
les professions qui y participeront.
Un problème économique.
Qu'en sera-t-il du
remboursement des lunettes par la sécurité
sociale et des complémentaires si les
examens de vue ou l'adaptation des
lentilles sont réalisés par des
opticiens voire par les orthoptistes et
des optométristes ?
Nous avons demandé aux
responsables syndicaux de nous faire part
de leurs réflexions*, de la position de
leur syndicat pour la prise en charge des
amétropes ainsi que les revendications
minimales quils estiment pour les
patients et pour leur profession.
AOF : René SERFATY,
Président de l'Association
des Optométristes de France
48% de la population estime avoir besoin
de correction optique, 3,7%, de soins médicaux
(Credes).
Cependant :
- le dépistage
visuel en milieu scolaire ne
correspond pas à limportance
de la vision à lécole,
- la vision sur écran
est peu prise en compte,
- plus de deux
millions de lunettes prémontées
sont fournies chaque année, sans
conseil visuel ni dépistage
oculaire, cinquante pour cent des
glaucomes sont reconnus trop tard,
un million de diabétiques sur
deux nont pas accès à un
suivi oculaire minimal.
Problèmes de santé.
La réglementation de la profession doptométriste
instaurera un dépistage visuel et
oculaire systématique, de faible coût,
car non-médicalisé. Loptométriste,
professionnel de santé autonome, a une
obligation de référence. Il constitue
une option efficace pour la santé oculo-visuelle.
Au plan politique,
le ministère a décidé de limiter le
nombre des médecins spécialistes. Pour
des services oculo-visuels efficaces, il
doit faire progresser le nombre des optométristes,
en relation directe avec la réduction de
celui des ophtalmologistes, évitant dépenses
et querelles inutiles.
Au plan économique,
le remboursement des lunettes prescrites
et fournies par les optométristes
garantit un coût optimal. Loptométriste,
responsable de lefficacité du système
optique quil fournit, fonctionne
dans un secteur très concurrentiel,
assurant les meilleurs prix. La sécurité
sociale et les complémentaires santé
gagnent avec loptométrie, pour
elles, comme pour leurs assurés.
APO : Yves-Bernard
COSTE
Président de l'Association professionnel
des Opticiens (Salariés)
La diminution des
ophtalmologistes et laugmentation
des opticiens, induit une mutation. De
nouvelles organisations tentent de se créer.
Or loptométrie nentre pas
dans un domaine réservé aux seuls médecins
et lopticien est le seul a y être
parfaitement formé : la pratique de loptométrie
par lopticien serait donc la
solution. Conscients de la situation, les
ophtalmologistes acceptent cette idée à
66 % selon une étude du Pr Arné. De
plus, dans lintérêt du client il
faut prévoir un suivi de lexamen
de vue jusquà la délivrance de léquipement,
donc enterrer lidée quun
professionnel ne peut pas vendre et
prescrire. Un contexte qui nexiste
quen France.
Mais cet examen de vue
devra-t-il être payant ou gratuit ? Si
la situation évolue comme ailleurs en
Europe, les opticiens français vont
finir par loffrir ! Ce serait regréatable.
Pour assurer un examen de
qualité, lopticien va devoir
embaucher un nouveau diplômé formé à
loptométrie, investir dans une
unité de réfraction performante et il
serait malsain que lopticien intègre
cette prestation dans son offre
commerciale. Le risque étant de fournir
un équipement pour rentabiliser cet
investissement.
Ayons conscience de nos
responsabilités : nous serons en première
ligne dans le dépistage visuel. Les
anomalies dépistées plus tôt coûteront
moins cher à la société, nous créerons
des emplois pour nos trop nombreux diplômés,
encore des économies, et le
professionnel pourra donner un avis
objectif. Cest pourquoi il est nécessaire
que lexamen soit payant et pris en
charge par les organismes sociaux.
FNOIF : Alain GERBEL
Président de la Fédération nationale
des opticiens indépendants de France
Le problème de laccès aux soins
se pose. Il est urgent de trouver une
solution. Le gouvernement doit accepter
que les orthoptistes et les opticiens
puissent prescrire. Les modalités dexercice
devront être clairement établies par décret,
la FNOIF, pour sa part, ne souhaite pas
que le prescripteur puisse délivrer systématiquement
les équipements visuels. La réfraction
subjective ou objective doit faire partie
des actes autorisés, mais pour cela un
complément de formation sera obligatoire,
et pourquoi ne pas envisager un tronc
commun universitaire regroupant les
futurs orthoptistes et opticiens.
Par ailleurs, de nombreux
pays de la Communauté européenne (Espagne,
Allemagne
) ont décidé de ne plus
rembourser les lunettes. Dans dautres,
loptométriste est la solution. La
suppression du remboursement des lunettes
envisagée par certains (assureurs,
mutuelles et professionnels de santé) nest
pas pour linstant à lordre
du jour au niveau du ministère de la
Santé. Le remboursement au premier franc
par les organismes complémentaires, cest
à dire la disparition du remboursement
obligatoire, est le préalable à larrivée
des filières de soins intégrées.
Certains pensent que la fin de la tutelle
de la CNAM sur loptique permettra
un développement exponentiel des ventes,
ce qui est pour nous une erreur, car ces
organismes seront tentés de plafonner
les prix par la mise en place dagréments,
de devis.
Il y a trois types de
professionnels en France :
ophtalmologiste, orthoptiste, opticien, cest
suffisant. Notre fédération nacceptera
jamais que lavenir des opticiens
soit réglé par dautres que nous.
SNOF : Dr SEEGMULLER
Président du Syndicat national des
ophtalmologistes de France
Le SNOF mène depuis des années, auprès
des Gouvernements, de nombreuses actions
pour palier à linsuffisance des
ophtalmologistes. LEtat na répondu
que par lindifférence. Aussi, le
SNOF a décidé de lancer une campagne
auprès du public : "Je veux voir
mon médecin", campagne à succès
grâce à lappui des opticiens.
Les délais dattente
pour un rendez-vous chez un
ophtalmologiste, sont trop longs, il faut,
pour le SNOF, que les ophtalmologistes sadjoignent
des aides techniques telles que les
orthoptistes ou opticiens, une démarche
résolue seffectuant envers ces
derniers actuellement. Dautre part,
la prise en charge de la basse vision ne
se conçoit que multidisciplinaire.
Il est évident que ces démarches
douverture entraînent des
difficultés tant au sein des
ophtalmologistes que dans les rapports
avec certaines autres professions telles
que les optométristes.
En effet, pour le SNOF,
les optométristes veulent accomplir à
la fois des actes médicaux (examen du
fond de lil) et des actes
commerciaux (vente de produits). Le SNOF
sopposera vigoureusement à de
telles prétentions, bafouant la
profession dophtalmologiste et en
outre mettant en péril le processus douverture
engagé avec les opticiens et les
orthoptistes.
Dautre part, la prévention,
le dépistage et linformation éviteraient
des dépenses de santé plus lourdes dans
le futur et demandent de plus en plus dophtalmologistes,
or, malgré les efforts du SNOF, le
Gouvernement demeure insensible, tout
comme dailleurs sur le problème du
remboursement des lunettes.
SNAO : Annick BOULY
DE LESDAIN
Secrétaire générale
du Syndicat national autonome des
orthoptistes
Laccès aux soins est un problème
de santé publique qui est examiné par
le ministère de la Santé.
Le SNAO, dans le cadre de
la Conférence nationale de santé,
participe à la réflexion sur ce sujet.
Une étude des besoins
dans la prise en charge de la vision
ainsi que lépidémiologie sont
indispensables avant de prendre toutes décisions
pour réguler ou légiférer sur laccès
aux soins de la vision. Le vieillissement
de la population va entraîner dans les
années à venir une augmentation des
soins tout particulièrement dans le
domaine de la vision et par conséquent dorthoptie.
Ceci est un problème purement politique.
La sécurité des patients
exige que soient formés en France un
nombre suffisant dophtalmologistes
pour que tous les patients soient
effectivement examinés par un médecin
compétent.
Si nous ne savons pas
exactement ce que sont "les bonnes
conditions" de soins, nous savons et
nous devons définir les bonnes pratiques,
seule façon de maîtriser efficacement
et sans danger pour la population les dépenses
de santé.
Le SNAO continuera à se
battre pour que les patients obtiennent
une meilleure prise en charge des soins,
des collyres, des corrections optiques et
des aides techniques pour la Basse Vision.
Le SNAO continuera aussi
à se battre pour élargir le plus
possible la compétence des orthoptistes
et leur donner la plus grande place pour
soigner les patients atteints de problèmes
visuels. La définition et la
coordination des compétences des
ophtalmologistes, des orthoptistes et des
opticiens-lunetiers sont du domaine du
ministère de la Santé et les ministres
successifs ont affirmé que ces trois
professions suffisaient pour assurer des
soins de qualité.
SOF
: Nicole
JEANROT
Orthoptiste, Présidente
du SOF
SOF
: Benoît
Rousseau
Orthoptiste, Chargé de
communication du SOF
Les orthoptistes sont les
professionnels de santé les plus proches
des ophtalmologistes.
Le SOF et les
ophtalmologistes, pensent qu'il serait
bon de revoir à la hausse le nombre d'ophtalmologistes
en formation. Devant le peu d'empressement
des pouvoirs publics à satisfaire cette
solution, le SOF a demandé que les compétences
et la formation des orthoptistes soient
actualisées. Un nouveau décret de compétence,
dont la publication est imminente, prévoit
d'ouvrir l'exercice des orthoptistes.
En mai 1998 a été signée
avec les ophtalmologistes une résolution
souhaitant l'élargissement du décret de
compétence des orthoptistes autorisant
un certain nombre d'actes, dont la réfraction.
1 700 orthoptistes
exercent en France. 170 étudiants
sortent chaque année des facultés de médecine,
formés par les ophtalmologistes. Leurs
cours les préparent depuis longtemps à
la pratique de la réfraction, à l'exploration
fonctionnelle, à la prise en charge des
handicaps visuels et au traitement de la
vision binoculaire.
Le risque serait grand d'une
évolution à l'anglo-saxone où les
examens de vue seraient pris en charge
par des personnes sans formation médicale,
sans expérience clinique dont les
revendications dépassent la seule réfraction,
pour s'étendre à l'ensemble de l'ophtalmologie
et à l'orthoptie. Ce serait prendre le
risque de méconnaître une pathologie et
de ne pas permettre le bon diagnostic au
bon moment.
Le SOF est clairement
inquiet pour la santé des français et
pour la profession d'orthoptiste. L'examen
de la réfraction par un orthoptiste, sur
prescription médicale, doit être l'étape
initiale de l'examen ophtalmologique et
de la prise en charge thérapeutique du
patient.
UDO
: François
CHEVET
Président de l'UDO
Problème de santé. On peut
effectivement se poser la question, mais
pour ma part, soucieux d'être très
pragmatique, je ne rentrerai pas dans des
spéculations très générales, qui plus
est sur la notion de soins. En revanche,
je me dois de rappeler qu'en termes d'équipements
notre secteur présente une offre très
diversifiée et satisfaisante pour répondre
à la demande.
Problème politique.
Je ne crois guère à une intervention
volontaire et significative de l'état
sur le numerus clausus des
ophtalmologistes. Il a en revanche engagé
une réflexion générale, à laquelle
nous participons sur les délégations
qui pourraient être mises en place au
profit d'autres professionnels notamment
les opticiens.
Problème économique.
Nous arrivons au vrai problème, celui de
la prise en charge et du service puisque
nous sommes déjà autorisés à équiper
directement toute personne de plus de
seize ans. Dans une période de mouvance
et d'incertitude on constate que les uns
et les autres développent des scénari d'avenir,
parfois irréalistes, en fonctions bien
souvent de leurs seules perspectives de développement.
Certains s'imaginent être bientôt
investis de nouveaux droits, largement rémunérés,
d'autres s'annoncent disponibles pour les
mêmes prestations, à bas prix. Tout
ceci ne doit pas se faire n'importe
comment et à n'importe quel prix.
Nous sommes nombreux et
facilement accessibles pour les amétropes.
Le cur de notre métier est la
fourniture d'un équipement et nous prétendons
effectuer en amont une prestation
technique de qualité.
A nous de nous battre pour
les véritables enjeux. Nous ne voulons
pas de victoire à la Pyrrhus.
Esquisser une véritable
cartographie de la Profession
Le principal intérêt de
cette étude de la Dress est de revenir
en chiffres sur la diminution du nombre
des ophtalmologistes et son impact sur la
prise en charge des amétropes dont le
nombre va aller croissant dans les années
qui viennent. Dès à présent les
pouvoirs publics et les responsables
professionnels, par de là les conflits dintérêts
et les querelles de chapelle, se
concertent et prennent les décisions
politiques et économiques que cela
impose.
Qui va soigner qui et
comment ? Avec quel remboursement pour
quel acte ? Faut-il éviter dêtre
à la fois prescripteur et vendeur ? Légalité
devant les soins sera-t-elle garantie ?
Comment définir une politique de prévention
suffisamment efficace pour éviter, par
exemple, quun glaucome sur deux ne
soit dépisté trop tard ? Autant de
questions pêle-mêle qui attendent réponse
et sur lesquelles il va falloir sûrement
légiférer, il y va de la santé
publique.
Lidée, lidéal,
étant desquisser un schéma
directeur, une véritable cartographie de
la profession où chacun des acteurs
aurait ses attributions propres, dans le
respect de léthique
professionnelle, et le souci de lintégrité
des amétropes.
NDLR. Cette réflexion
vous concerne en temps que protagonistes
de la profession. Faites nous part de vos
commentaires et suggestions, nous ne
manquerons pas de les exploiter au mieux,
dans lintérêt de servir le débat.
Fax : 04 93 80 07 61 - E-mail
: bienvu@bienvu.presse.fr
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